2016

GROUND ZERO

Il s’agit ici d’une rencontre.

J’organisais un atelier dans une région aride et un peu abandonnée du nord-est du Brésil. Lors de mon séjour j’entends parler d’une ancienne communauté d’esclaves qui avaient à l’époque fui pour créer cette communauté dans les montages. Aujourd’hui quelques familles y vivaient légataires de cette histoire. Je veux y aller et je demande à les rencontrer. Quand j’arrive dans le village, je suis reçu par des femmes, les véritables cheffes. Les hommes étaient partis travailler, elles géraient les affaires des lieux. Lors de notre rencontre j’entends cette phrase : « nous avons eu plein de scientifiques qui sont venus nous étudier, des thèses ont été écrites sur nos danses, notre histoire mais nous, nous n’avons aucune mémoires physiques, aucun objet, aucun musée.» ... elle reste gravée dans un coin de ma tête. Le soir je décide d’y retourner et je leur propose de créer les premiers pas d’un musée, un mur du souvenir plus exactement : chaque famille devrait apporter un objet de leur quotidien et nous l’inclurons dans une brique. Il faut savoir que 90 % d’entre eux travaillaient à la briqueterie proche. Chaque famille ramena le lendemain un objet et nous allâmes tous ensemble les « cuire ». Le jour d’après, les briques étaient cuites, je voyais déjà se créer dans mon imaginaire ce mur-musée. Mais s’était sans compter sur le fait que chacun trouva sa brique tellement belle qui la garda pour lui dans sa maison ... De tout cela avait déjà surgit mon œuvre, Ground 0 (Ground zéro est un terme anglais utilisé pour indiquer l’endroit précis sur le sol où a lieu n’importe quelle explosion.), et j’avais moi-même cuit une brique avec un couteau. La brique est fondatrice de la société brésilienne construite de toute part de brique, le couteau est la violence de cette société, tout autant une base fondatrice de ce même pays. L’œuvre et le processus sont ici indissociables.

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